L’analyse du sel – Pourquoi?

Le débit du rejet dans la mer sera d’environ 860 m3/h et la teneur en sel et autres particules de l’ordre de 250g/L . Soit ~185 tonnes de sel par heure, ou encore ~4500 tonnes par jour pendant dix ans ou plus.

860 m3 de saumure par heure se dilueront dans la mer dans un périmètre de 50 m autour de la sortie du saumoduc. Le paramètre de « salinité totale » semble être suffisant aux yeux d’EDF pour répondre à la problématique de la dissolution du sel. Cependant EDF ne prend pas en considération les conséquences écologiques d’un rejet dans de telles proportions. Il s’agit ici de se questionner sur la répartition spatio-temporelle des éléments contenus dans la saumure, question pour laquelle aucune donnée n’a été fournie. Il faudrait avoir des informations sur la contenance du rejet en métaux lourds et autres composants nutritionnel influant sur les algues et les bactéries. EDF reste silencieuse au sujet d’impuretés géochimiques toxiques dans les roches salines de dôme de sel, dont l’introduction aura un impact potentiel sur l’environnement.

On trouve des indices dans les investigations géologiques et minéralogiques du sel dans d’autres cavités salines connues (par exemple Gorleben en Allemagne).

Lors de sa thèse (2001) dans le cadre d’un projet de recherche de « l’organisme fédéral de la géoscience et des matières premières » (BGR Hannover), Mme Meike Fischer a découvert, en plus de N2, O2, CO2, K, Fe, Ar, H2O, H2S et CH4, des radiceaux d’hydrocarbures à chaînes longues. Il s’agit d’inclusions d’hydrocarbures de tailles et volumes variables alors que l’on pensait qu’une grande partie des fluides à liaison inter granulaire (cristalline) avait disparu lors des échantillonnages.

Les hydrocarbures dans les roches salines pourraient provenir, d’après des études plus récentes, de couches rocheuses plus profondes et auraient alors été ramenés vers la surface pendant la remontée du sel (halocinèse). On ne sait pas si des inclusions similaires sont présentes dans le diapir du sud des Landes, mais c’est fortement possible. Les environnements riches en sels sont connus pour leur microbiologie luxuriante, de ce fait l’idée d’enrichissements en hydrocarbures dans les dépôts de sel n’est pas déraisonnable. Ainsi, ce genre de phénomène pourrait également exister à Pouillon, et des inclusions organiques et non organiques, datant de l’époque de la création, pourraient être présentes.

Les formations minérales provenant de la superposition des couches rocheuses salines, telles que la sylvinite, le sel dur (mélange de halite/sylvinite/kiesérite) et la carnalite contiennent des substances biodisponibles et sont importantes pour l’eutrophisation de l’eau. La halite (NaCI) est présente à plus de 90% dans d’autres cavités salines (ex : Gorleben et Asse en Allemagne). L’anhydrite (CaSO4) est également présente à 5% et la ployhalite (K2MgCa2(SO4)4x2H2O)  de 0,1 à 3,5%. Enfin des minéraux riches en magnésium et en potassium (la kiesérite/MgSO4xH2O et la carnallite/KMgCI3x6H2O) sont présents en petites quantités.

Existe-t-il une information sur la composition réelle des roches salines à dissoudre ou est- elle cachée au citoyen intéressé? EDF nous informe seulement que le sel est « idéal ». Ce sujet requiert des analyses scientifiques ciblées avant de pouvoir faire une telle déclaration.

La seule étude d’EDF comporte un problème : La zone sur laquelle l’étude est faite se limite à la proximité directe du point d’introduction de la saumure dans l’océan. La supposition d’une évolution linéaire du dosage introduit et de l’effet produit est impossible, sachant que l’environnement dans lequel la saumure est introduite est un système complexe d’éléments spatialement, temporellement et fonctionnellement interconnectés.

Lorsqu’on essaye de parler d’analyses supplémentaires, on retombe systématiquement sur la réponse d’EDF : « Une étude détaillée du sel à partir de l’interprétation quantitative des diagraphies, d’observations en lame mince, d’analyse chimique, d’essais de dissolution sur carottes et d’essais géotechniques en laboratoire est en cours. » 

Il reste néanmoins incompréhensible qu’une analyse chimique d’une telle importance et les résultats associés ne soient pas mis dès le départ du débat à la disposition du public. Comment les citoyens intéressés sont-ils censés avoir une réelle opinion avec si peu d’information ?

Par conséquent, nous exigeons que ces analyses soient absolument faites et dans les plus brefs délais par un organisme impartial et indépendant comme un laboratoire universitaire, afin que les résultats puissent être pris en compte dans les décisions relatives au projet. Il est important de savoir les taux de concentration des éléments nocifs (hydrocarbures, métaux lourds, substances radioactives… par exemple) et/ou des éléments nutritionnels (sulfate, composés de magnésium, de kali… par exemple) qui seront présents dans la saumure. La demande d’accès à l’ensemble des carottes du premier forage expérimental d’EDF va de soi, afin de permettre les analyses en question.

Il est important de constater que même s’il n’y a que 0,1% de substances nocives dans la saumure, 4,5 tonnes seront déversées chaque jour dans l’océan.

Ce risque est inacceptable dans le cadre de la protection de la faune maritime, de l’activité de la pêche et de la protection de l’une des plus belles et des plus célèbres plage d’Europe.

Micky Neuhaus – Messanges le 11 janvier 2012

Intéressant dans ce contexte:
BRGM: Etude de potentiel salifère de quelques structures au sud des Landes

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