BILAN CNDP 18 mars 2012 : UN TROMPE L’OEIL ?

Tout y est, rien n’y est !

S’attachant à décrire le contenant, plus que le contenu, ce compte rendu rend bien peu service au débat d’idée qui devrait être de mise dans ce genre de situation.

Citant et juxtaposant les dires de chacun, il témoigne cependant parfaitement du quasi non échange qui à prévalu entre les participants tout au long du débat public. D’un coté la prétention affichée d’EDF et de ses équipiers connaissant techniquement le projet. De l’autre une population connaissant son territoire, que le bon sens amène à exprimer son incrédulité pour un projet complètement hors standard.

Ce document néglige de dire que la moitié des réponses aux questions posées par écrit a été faite après la clôture des débats (donc hors débat), que les réponses aux questions posées en séance furent peu admises par l’interlocuteur et souvent ponctuées par « études pas terminées, nous ne sommes pas responsables de cette partie là, … ».. Enfin qu’il n’y a pas eu une seule seconde de débat dans la tête, les paroles et les conférences de presse des représentants du maître d’ouvrage. Cette absence de dialogue poussera les deux factions à s’opposer. Les citoyens s’informeront et les questions élèveront peu à peu les débats soulevant des incohérences manifestes. Le maître d’ouvrage tentera de passer de plus en plus en « confiance » en l’absence d’éléments techniques indubitables.

Trois point fondamentaux issus du débat sont quasi occultés par le compte rendu :

  • l’expérience scientifique de EDF est faible ou nulle par exemple pour les rejets de saumure en mer (Manosque quelques semaines), pour le creusement des cavités. Les techniques envisagées sont aux maximum de leurs capacités par exemple : forage horizontaux, protection électrique anti-corrosion du saumoduc, abandon en fin de vie des cavités, … Et les compromis économiques gouvernent logiquement ce projet…
  • le but de ce projet n’a toujours pas été avalisé par les populations ni par les acteurs régionaux du territoire. Dans l’esprit de tous, l’aspect spéculatif, prend le pas sur le fait de garantir le confort de tous dans le cadre d ‘un recours croissant aux énergie alternatives (éolien ou solaires). Ce sentiment est renforcé par la survenance du projet EUSKADOUR, un gazoduc transfrontalier venant et desservant l’Espagne.
  • l’impact environnemental n’est pas négligeable en exploitation normale ou en cas d’incident.. Les logiques industrielles sont inappropriées sur un territoire « vierge ». Par exemple ne considérer que les risques sécurité sur le site de stockage de gaz conduit à négliger volontairement les pollutions lentes de l’eau et du sol. Ou bien parler de dilution de saumure et négliger l’effet cumulatif des métaux lourds sur la chaîne alimentaire revient à sacrifier des populations locales en quelques années (15 ans ?). En cas d’incident, fuites, événements sismiques, les dégâts environnementaux et par la même économiques seraient désastreux sur l’économie régionale.

Fort heureusement, mais difficilement, le rapport conclu à la nécessité d’élargir la concertation aux interlocuteurs « natifs ». Les naturels ont la chance de vivre de leur territoire, ils ont le devoir de le protéger.

« La commission estime que ces propositions recouvrent les champs de concertation nécessaires, pour autant que le maître d’ouvrage ait une conception large de chaque sujet : ainsi, les problèmes de l’océan (rejets) n’intéressent pas que les pêcheurs, ceux de la traversée des espaces naturels ne concernent pas que les forestiers, les autres usagers de la mer, les scientifiques, les milieux économiques et le grand public étant concernés par une telle concertation ».

Concluons et plagions le document de la CNDP :

Le maître d’ouvrage s’il veut poursuivre son projet devra se convaincre :

  • que la sécurité du stockage implique zéro fuite gazeuse ou liquide eut égard aux caractéristiques fragiles des territoires concernés,
  • que les solutions pour assurer une stabilité d’un stockage de gaz souterrain en zone sismique de niveau 3 sont purement aléatoires et par conséquent que nous aurons une épée de Damoclés en permanence sur la tête,
  • qu’un tuyau chuintant de 600 mm de diamètre, surmontés de drapeaux signalétiques et ponctués de stations de protections électriques et de relevage hydraulique ne peut trouver une place discrète dans nos marais, nos barthes, nos forêts, sous nos dunes et sous nos plages, ni un peu plus au Nord, ni un peu  plus au sud,
  • que l’inefficacité des exutoires actuels dans le golfe de Gascogne présage du sort réservé au saumoduc par l’océan atlantique dans son rôle ingrat de dispersion de la saumure,
  • qu’il y a antagonisme entre innocuité réclamée par tous pour les animaux et les végétaux et mer morte au moins sur les 50 premiers mètres autour du diffuseur d’un kilomètre de long,
  • de l’incompatibilité économique de ce projet avec les 200 000 lits occupés chaque année par des touristes avides de nature, d’océan et d’air pur mais aussi des 102 000 foyers de l’arrondissement de DAX qui pour la plupart voteraient si on leur demandaient pour une qualité de vie où la nature a une place privilégiée.

Donc, ce projet est infaisable, inadapté et inapproprié (trois I I I).

Jean Michel Moresmau – Soustons le 23 mars 2012

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