Desordre au WARF – un exemple parlant

Décidément l’été est des plus chaud ! Phénomène de réchauffement climatique ? Sentiment de ras le bol général ? Décision arbitraires des représentants de l’état ?
Bref ça bouge dans les Landes en ces temps de plage et de trêve touristique…

Après l’autorisation des épandages aériens pour 50 communes du département des Landes, des déclarations politiques (EELV), un premier recours administratif (SEPANSO), des pétitions, des manifestations … voici l’affaire qui fait des remous et des vagues dans le bassin d’Arcachon, c’est bien la liqueur noire que l’on sert aux touristes en guise de bienvenue…

Bref historique. Le 05 juillet 2012 dans l’usine papetière de Smurfit-Kappa de Biganos, une cuve de 4500 l de liqueur noire, un sous produit de la fabrication du papier kraft, cède sous le poids des ans… Une partie du liquide (100 à 500 m3) s’infiltre (?) et s’écoule naturellement vers le Lacanau puis la Leyre malgré le bassin de rétention prévu à cet effet… (Sud-Ouest du 05/07/2012 - du 07/07/2012 - du 11./07/2012)

Les cours d’eau sur deux kilomètres sont marrons, les poissons aussi !!! Ils flottent morts le ventre à l’air… Les huîtres dans le bassin d’Arcachon arrêtent de respirer et par un phénomène de dilution (de l’information), aucune mauvaise nouvelle n’est annoncée de ce coté là… Les activités nautiques sont suspendues sur ces cours d’eau et à la plage du Teich (descentes en canoë, baignades), mais plus avant, sur les plages de la côte sud du Bassin, tout va pour le mieux, la vie touristique continue…

La production de l’usine est arrêtée. Pis, le 12 juillet soit 1 semaine après l’accident, le personnel est mis au chômage technique pour 4 semaines au moins… Le site est « propre » mais la quasi totalité de la liqueur noire et des liquides de « nettoyage » occupe un bassin de rétention plein à ras bord (20 000 à 50 000 l ?) – (Sud-Ouest du 12/07/20112du 19/07/2012 – et sur caducee.net).

Avec l’appui des spécialistes (Sdis, Dreal, Siba) l’état a engagé une course contre la montre dés le 05 juillet pour limiter la pollution terrestre ( arrêté préfectoraux du 06 et 09 juillet). Pourtant, et c’est ce qu’on lui reproche, son manque de communication et de transparence va provoquer le rejet de sa décision par l’ensemble des maires des environs puis par les associations et enfin par la population.

Après les pécheurs et les ostréiculteurs, le comité de vigilance du Warf porte l’affaire en justice le 19 juillet  avec la Sepanso gironde.

La préfecture rassemble les différentes parties le 20 juillet soit prés de deux semaines après l’accident… pour expliquer la décision prise le 09 juillet : il autorise l’évacuation de la liqueur noire « diluée  par l’industriel» « retraitée » par la SIBA à être « proprement » envoyé dans l’océan par le WARF de la Salie

www.stockage-gaz-landes.net

Le « trop plein » gagne les usagers du bassin (surfeurs, baigneurs, …), le 29 juillet en pleine saison touristique, ils manifestent au centre d’Arcachon à plus de 500 personnes pour dirent leur ras le bol devant des touristes éberlués : 3000 signatures d’une pétition contre cette situation ont été remise au sous préfet d’Arcachon.

Avant de boire cette potion amère, sachez que cette liqueur noire est composée pour moitié de linine, le résidu du bois libéré de la cellulose lors de la cuisson, et d’un mélange de soude caustique et de sulfate. Ce mélange aqueux, qui s’infiltre facilement et se dissout dans l’eau, est, en effet, caractérisé par un PH très basique… Ce produit est différent dans chaque usine. L’excellente enquête illustré par Stephane Scotto se veut rassurante… quand aux conséquences sanitaires…

Au final les risques sanitaires pour l’homme semblent plutôt limités en ce qui concerne les rejets de liqueur noire dans l’océan. Celui ci devra cependant et une fois de plus digérer les centaines de tonnes de sulfates et de potassium que l’industrie lui a expédié. D’après certaines études les risques pour la santé humaine des effluents liés au blanchiment de la pâte à papier sont encore peu évalués. Le methyl mercaptan est par exemple classé comme toxique et écotoxique mais son impact sur la santé humaine et sur l’environnement n’a été que trop peu étudié sérieusement. Il est pourtant rejeté tous les jours dans l’océan via les effluents de la papeterie.

Toutes les mesures ne sont pas faites notamment… le pH à la sortie du warf par exemple, en l’absence de véritable comité local de surveillance officiel (CLIC)…

Par contre l’enquête condamne sans appel une cuve vétuste, non conforme (pas de double paroi), et un bassin de rétention mal entretenu (fuites)…nécessitant dans la panique un apport massif d’eau pour éviter la pollution des eaux de surface…

Les conséquences psychologiques sont énormes sur le tourisme, sur les habitants, sur les usagers de la mer. Les conséquences économiques et sur la vie de tous les jours devront être évaluées. Egalement, la perte de confiance de la population en une société démocratique est certain…

Et pourtant…, pour finir sur une note optimiste, la liqueur noire est le biocarburant de demain. Les industries papetières comme Smurfit-Kappa, utilisent des chaudières spéciales leur permettant de quasiment être autonomes en besoins énergétiques. L’avenir est prometteur si l’on ne néglige pas l’essentiel : avoir une installation sure, préservant la nature qui fournit les arbres, la biomasse…, la vie !

Jean Michel Moresmau de Soustons le 05 août 2012
 
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