Voici une analyse précise publiée le 07 Mars 2012 par Bretagne Ecologie qui est fortement reliée avec les aspects techniques du projet d’EDF « Salins des Landes ». Notamment concernant la production d’électicité par des centrales à gaz et les conséquences écologiques ignorées par EDF, qui veut nous « vendre » son projet comme une contribution responsable au développement durable etc. :
« L’association Bretagne Ecologie réitère un avis négatif sur l’installation d’une centrale à gaz sur le sol breton. Nous pensons en effet que ce n’est pas la solution pour le problème énergétique en Bretagne. La mise en place par l’Etat d’une centrale à gaz est une mauvaise nouvelle pour la Bretagne et pour le climat.
En effet, si les émissions de CO2 d’une telle centrale sont relativement limitées, il n’en est pas de même pour ce qui concerne les émissions de méthane et donc de l’influence négative sur le climat. Les émissions de méthane, dues à l’extraction du gaz, à son traitement et à son acheminement, sont importantes (jusqu’à 4 % de production initiale et il s’agit de méthane ayant un pouvoir de réchauffement 25 fois plus important que celui du CO2 !). Évidemment, tout le monde s’empresse de communiquer sur les seules émissions de CO2 en vantant le gaz comme énergie la plus acceptable pour le climat. Cela est totalement faux et cela démontre une fois de plus qu’il faut analyser les problèmes de façon systémique… la fameuse pensée globale que tout le monde revendique mais que bien peu de personnes utilise !
Cette centrale permettra surtout de produire plus et donc de consommer plus alors qu’il aurait mieux fallu travailler et investir sur la maîtrise de la demande en électricité (MDE) et sur la mise en place d’énergie renouvelables (EnR).
Il aurait en effet été opportun de travailler d’abord sur les deux premiers piliers du pacte électrique breton et non pas de précipiter la mise en place du dernier ; le choix de la facilité est rarement celui qui répond à la problématique ! Concernant le développement des EnR, l’association Bretagne Ecologie ne peux que constater que l’éolien terrestre connaît un ralentissement (voir arrêté relatif aux installations classées – ICPE – du 26 août 2011) et que les secteurs du photovoltaïque ou du biogaz sont plombés par des tarifs d’achats insuffisants. L’incohérence volontaire des politiques de l’Etat n’a fait qu’accentuer le retard de la France dans ces technologies qui sont pourtant aujourd’hui reconnues comme étant des secteurs économiques d’avenir. L’objectif du pacte de 34 % d’autonomie à l’horizon 2020 grâce aux EnR semble bel et bien inaccessible dans ces conditions.
Et que dire des programmes concernant la MDE ? Aujourd’hui, ceux-ci sont en phase d’expérimentation et, sans une impulsion forte des pouvoirs publics, il coulera encore beaucoup de gaz dans les canalisations avant qu’un déploiement massif puisse être envisagé ! Comment peut-on encore tenter de faire croire aujourd’hui que l’on arrivera à diviser par 2, à l’horizon 2015, puis par 3, à l’horizon 2020, la croissance de la consommation bretonne d’électricité ?
De plus, on essaye encore et toujours de nous faire croire que l’implantation de cette centrale va permettre de faire face aux pics de consommation et donc de sécuriser la situation énergétique de la Bretagne. Cependant nous savons tous que le besoin de rentabilité des actionnaires du consortium Direct Energie/Siemens va faire que cette centrale va fonctionner tout au long de l’année. Encore plus de production pour encore plus de consommation ! Par ailleurs, pour un investissement de l’ordre de 400 M€, les exploitants de la centrale recevront une subvention annuelle de 40 M€ par an sur 10 ans (par le biais de la taxe CSPE prélevée sur toutes les factures clients EDF).
Et que penser de la déclaration du Ministre de l’Energie : « Nous tenons scrupuleusement nos engagements pris avec les Bretons pour sécuriser l’approvisionnement électrique de la Bretagne » ? On peut en effet penser que M. Besson a partiellement raison : la centrale à gaz sera bien implantée mais les deux autres piliers du pacte restent totalement ignorés…nous n’avons probablement pas la même définition du terme « scrupuleux » !
Enfin, le choix fait par l’Etat d’implanter une centrale à gaz et de ne montrer aucune volonté de développement de la MDE et des EnR, voire même de s’y opposer indirectement, est certainement le choix qui va permettre la plus faible création d’emplois et qui va donc à l’encontre de la volonté de diminuer le taux de fermeture des entreprises et de juguler l’augmentation du chômage en France.
On parle de 25 à 30 emplois permanents sur la future centrale alors que le choix des EnR et de la MDE aurait permis de pérenniser ou de créer des centaines d’emplois en Bretagne. Ce choix aurait également permis à un nombre important d’artisans de revoir un peu de soleil dans leurs carnets de commande bien terne.
L’association Bretagne Ecologie ne peux donc que constater que l’Etat a fait un mauvais choix pour le climat, pour l’emploi et pour l’économie Bretonne. »
Le Comité d’animation de l’association Bretagne Ecologie
L’original se trouve ici