EDF lance un projet de stockage de gaz du côté de Pouillon. A priori, rien ne nécessite un article de l’ADUP. Erreur, car si nous examinons un peu ce projet, il devient évident qu’il peut ne pas être sans impact sur notre vie d’usager de la mer, et même de citoyen.
Le stockage prévu par EDF est un peu particulier : Il est souterrain. Nous avions déjà dans les Landes des stockages souterrains à Lussagnet, et à cheval sur le Gers à Izaute. Ces deux stockages sont dits en nappe phréatique profonde. Ils représentent près de 25% du stockage Français, ils sont en extension pour Lussagnet. Ils pourraient être plus fortement augmentés à Izaute, mais TIGF (Total), ne le fera pas car cette société pense qu’il n’y a aucun intérêt à stocker davantage. Alors pourquoi EDF veut stocker à son tour dans les Landes ? La question est de taille, la réponse pourrait être de l’ordre d’une action de spéculative sur le gaz.
L’argumentation principale tient dans l’affirmation que le type stockage envisagé permet d’alimenter plus efficacement des centrales électriques de cogénération (CCG) construites à proximité. Or aucune centrale n’est prévue dans le grand Sud Ouest. Mystère là encore.
Le stockage prévu par EDF n’est pas du même type que les stockages Landais. Il est en « CAVITE SALINE » Qu’es aco ?
Les Landes possèdent dans le sous sol plusieurs curiosités et richesses intéressantes. Tout d’abord des sources géothermiques très importantes, bien connues du thermalisme, et des dômes de sel ou Diapir. Ces formations géologiques particulières sont issues de l’histoire de la terre. A une époque reculée notre département était une lagune peu profonde, ou la mer pénétrait. La couche fine d’eau s’évaporait doucement, remplacée par la marée suivante, le sel en excès se déposait au fond. En même temps, le fond s’enfonçait. Il en résulte des couches de sels importantes. Elles ont ensuite été enfouies au long des âges, et se retrouvent maintenant à plus de 4000 m de profondeur. Puis, par le mouvement des plaques tectoniques, le continent Ibérique vint percuter notre sud. Il s’en est suivi l’émergence de la chaîne des Pyrénées. Tout ceci est venu chambouler le bon ordonnancement des choses. Par endroit, le sel, moins dense que les autres roches qui le surplombaient, est remonté vers la surface formant des masses plus ou moins compactes. Ce sont des diapirs. Il en existe plusieurs dans les Landes et les Pyrénées Atlantiques. C’est dans ceux-ci que l’on extrait le sel de Bayonne, à Dax, à Navarenx et autres lieux.
Une étude importante a été réalisée par le BRGM en 1996-1997 sur ces diapirs afin d’évaluer l’éventualité d’un stockage de gaz, d’hydrocarbures ou autres produits chimiques. EDF ignorait cette étude… L’étude déconseillait pour plusieurs raisons le diapir de Bénesse St Pandelon (Pouillon). Pourquoi EDF a t elle choisi ce site ? Nous restons perplexes. Était ce un site délaissé par Gaz de France, alors intégré à EDF, que EDF a choisi par défaut ?
Le sel permet des stockages étanches, le creusement des cavité est facile, il suffit d’avoir de l’eau. L’eau injectée dans la masse de sel le dissout, on pratique ce que l’on appelle un lessivage. Et c’est là que les utilisateurs de la mer vont être intéressés. Comme il n’est plus possible d’utiliser de l’eau douce pour creuser, EDF a décidé d’utiliser de l’eau de mer.
L’eau de mer serait pompée à la côte par des fonds de 15 à 20 m à moins d’un mille de la plage, et la saumure (eau de mer chargée à 250 g de sel par litre) est rejeté quasiment au même endroit. EDF veut creuser 3 cavités simultanément et 12 au total sur 10 à 12 ans.
EDF prétend, études à l’appui, que cela n’engendrera aucune pollution. Nous ne pouvons qu’être très septiques quand aux affirmations d’EDF. Par expérience nous connaissons la fâcheuse tendance d’EDF à manipuler l’information avec brio quand il s’agit du nucléaire. Que l’on soit pro ou anti-nucléaire, il faut constater que l’on nous donne beaucoup d’assurances, de promesses dans ces matières, mais que l’on nous cache aussi beaucoup de choses.
Or la nature du rejet est très mal connue. EDF nous indique que la saumure contient essentiellement du sel, certes, le diapir contiendrait quasiment 90% de sel gemme, mais les 10 % restants ne sont connus que par un seul et unique forage. Nous savons qu’il y a des argiles, des anhydrites, des calcites, etc… Ajoutons également que le rejet de saumure sera de 800 m3/h. EDF rejetterait à la mer environ 50 kg de sel par seconde, soit 3 200 t/jour (travail supposé en 2*8) et 880 000 tonnes par an pendant 10 à 12 ans. 10% de 880 000 tonnes cela fait quand même près de 90 000 tonnes par an. Un beau cargo annuel qui ne pourrait même pas rentrer au port de Bayonne limité à 50 000 t.
Le pompage en mer et le rejet se font par pipe line de 800 mm de diamètres enfouis dans le fond marin. Rappelons que les rejets de la salie devaient également se faire de la même manière. Le rejet devait être fait à 2 milles de la côte. Tempête après tempête réparation après réparations cela donne les deux photos jointes, quand le tuyau terminal n’est pas arraché.
Ceci est d’autant plus inquiétant que EDF nous assure que les travaux d’enfouissement ne se feront pas dans la période estivale, et ils ne pourrons pas se faire non plus en période de tempête ou de forte houle. Ils ont bien réussi à stopper les nuages de Tchernobyl et de Fukushima à la frontière, peut être espèrent ils dompter ce vieux Neptune.
… à voir : L’histoire da wharf de la salie
L’original d’article se trouve ici